Rabbi Nathan Chapira, l’auteur du «Megalé Amoukot», établit un lien entre le combat nocturne engagé par l’ange d’Essav contre Yaacov, profitant de la solitude de notre patriarche lors du franchissement du gué du fleuve appelé Yabok, et la fête de Hanoukka. Il explique que les fameuses petites fioles que Yaacov retourna chercher, seul, sur l’autre rive du cours d’eau, selon le commentaire de Rachi (Genèse XXXII, 25) n’étaient autres que des fioles d’huile portant le cachet du grand prêtre du temple de Jérusalem, combustible indispensable à l’allumage de la Menora. A l’orée de l’histoire du peuple juif, même au péril de sa vie, Yaacov, ne peut se résoudre à abandonner derrière lui cette huile sacrée, symbole de notre sagesse et de notre pureté, seul garant du succès de l’Odyssée des enfants d’Israël à travers les âges. Cet anachronisme nous montre que Jacob se préparait à chercher de petites fioles, comme si notre présent bâtissait notre futur.
A l’heure où notre société semble minée par une crise de confiance, où le souhait «bon courage» a remplacé le traditionnel «bonne journée», il me paraît nécessaire de rappeler la confiance en l'Eternel et l’héroïsme de notre patriarche, sa témérité mise au service d’un idéal lumineux de bonté et de partage avec l’autre. Se souvenir que selon la Thora, le courage n’est pas seulement une vertu nécessaire à l’accomplissement de performances physiques. Enseigner, transmettre, soutenir, donner, partager, échanger, exigent eux aussi de chacun d’entre nous un véritable courage. Porter ce message de la fête de Hanoukka auprès de tous les personnels militaires et civils de la Défense que nous soutenons, me paraît utile, nécessaire et déterminant.
Grand Rabbin Haïm Korsia - Aumônier Général