La valeur et le bonheur d'une société se mesurent, en réalité, à la place qu'elle attribue à l'individu, qui en est la cellule, la pierre angulaire. Les devises les plus nobles de liberté, égalité, amour, fraternité, ne peuvent résoudre les problèmes de la société si elles n'englobent pas, au départ, une compréhension, une définition précise de la valeur de l'individu, de sa personnalité.
Pour le judaïsme, « l'homme est fait à l'image de Dieu » et, par là-même, il acquiert toute sa valeur et toute sa dignité. La première page de la Genèse définit la place de l'homme dans l'univers et la tâche qui lui a été confiée : parachever le monde. « Tu l'as fait presque l'égal des êtres divins ; Tu l'as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui a donné l'empire sur les œuvres de tes mains et mis tout à ses pieds... » (Ps. VIII, 6-7).
Cette image divine peut être ternie, corrompue ; elle ne peut jamais être complètement effacée. Des qualités nombreuses ont été accordées à l'espèce humaine dans son ensemble, mais chaque être possède des qualités spécifiques, des forces qui ne se trouvent chez aucun être. Et c'est pourquoi « l'homme a été créé unique pour t'enseigner que celui qui détruit une seule vie, c'est comme s'il détruisait un univers entier, et que celui qui maintient une seule vie, c'est comme s'il maintenait un univers entier » (Sanh. 5a). C'est pour cette raison aussi, parce que tout homme a sa spécificité, que chacun, individuellement, est tenu de proclamer : « C'est pour moi que le monde fut créé » (ibid.). (p. 43-44)
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis le Seigneur » : le judaïsme ne sépare pas la première partie du verset de sa fin qui en est la justification. Le seul fondement véritable de l'amour du prochain, c'est la seule base inattaquable des droits de l'homme.
Extrait de «Le judaïsme dans la vie quotidienne» p. 43 à 45, Rabbin Ernest Gugenheimhttp://www.aumonerie-israelite-des-armees.fr