
«Tu mangeras, tu seras rassasié et TU BENIRAS»[Nb. ch.10]. Ce verset Comme le fait remarquer Bahya Ibn Paqûda, c’est peut-être la seule fois, ici à propos du repas, que l’Eternel nous ordonne de lui consacrer une bénédiction ; mais comme toujours, la Torah n’y fait que des allusions, laissant aux hommes le soin de sa rédaction et de sa réalisation.
Le Sefer Hàhinoukh s’étend longuement sur ce problème de bénédiction et citant cette parole de nos Rabbins de mémoire bénie): « Le Saint-Béni-Soit-Il se complaît dans les prières des Tsadiquimes, des justes ».
Comment D. peut-il avoir besoin des bénédictions des Justes. Lui, la Source et l’auteur de toute bénédiction ?
En fait, «l’Eternel se complaît dans les prières des Justes» est à comprendre ainsi : l’Eternel désire voir les justes accomplir une action par laquelle ils mériteront sa bénédiction et jouiront de ses bienfaits.
En effet, l’essence de toute bénédiction réside dans la notion que D. est l’unique dispensateur de tout bienfait ; Lorsque nous disons "Baroukh atah", il ne faut pas le traduire par «Soi béni ô Eternel» mais par «Tu es la source de toute bénédiction, de tout bienfait, ô Eternel».
Si la Torah insiste pour que l’homme adresse une bénédiction à D. après le repas, c’est-à-dire associe une démarche spirituelle à tout ce qu’il y a de plus matériel, à tout ce qu’il y a d’animal en l’homme, c’est justement pour lier la vénération à D. avec des sentiments élevés, à tout ce qu’il y a de plus profane, et que l’éclat de l’esprit divin se dresse sur les choses les plus simples de la vie.
Toute notre vie, grâce aux bénédictions, se trouve ainsi sanctifiée dans toutes ses manifestations.
Les bénédictions après le repas (Birkath hamazone) n’apparaissent pas seulement comme une prière, mais comme une véritable anthologie des fondements du judaïsme, des aspirations et des obligations des enfants d’Israël. Toutes les données essentielles de la survie du peuple juif sont rappelées dans ce morceau de choix, aussi bien sa survie physique que son élévation spirituelle. Aussi est-il recommandé de la réciter avec tout l’élan de son cœur, et la concentration de son esprit.
Grand rabbin Jacques Ouaknin (Image : www.kerdiab.org)